NOTA 23- PRÉSENTATION DE LA PROCESSIONNAIRE DU PIN, COMMENT LUTTER ?

ELYSÉE 2 - Résidence à proximité de Paris
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1- LE PAPILLON :

Ce sont des papillons de nuit d’apparence très banale, de couleurs ternes dans les gris et les bruns, d’une envergure de 3 à 4cm. Les femelles sont plus grandes et plus grosses que les mâles qui, eux, se distinguent aisément à leurs antennes plumeuses. Ces papillons ne se nourrissent pas, par conséquent leur durée de vie est très brève (quelques jours au plus). Comme ils ne se nourrissent pas, toute leur courte vie est dédiée à la reproduction. Pourtant, à peine éclos, ces papillons parcourent souvent de grandes distances de nuit à la recherche d’un partenaire : les femelles peuvent ainsi aller jusqu’à 3km alors que les mâles, eux, peuvent parcourir jusqu’à … 25km.

Le papillon émerge en été, de fin juin à mi-août selon les régions, depuis une chrysalide. Les femelles libèrent une substance volatile très attractive pour les mâles, une phéromone sexuelle d’appel (la même que celle utilisée pour nos pièges). Les mâles réussissent à les localiser de loin grâce à leurs antennes plumeuses capables de détecter quelques molécules de cette substance circulant dans l’air. Aussitôt l’accouplement consommé, le mâle meurt.

Il reste à la femelle la tâche de pondre ses œufs fécondés (environ 200) : elle choisit un conifère hôte. Pour trouver les arbres convenables, elle peut être amenée à parcourir plusieurs kilomètres, toujours de nuit. Les femelles se dirigent préférentiellement vers des conifères dont la silhouette se découpe sur un fond clair ce qui les amène à pondre surtout sur des arbres isolés ou non ombragés par des voisins ou sur des lisières. Ainsi, les futures chenilles bénéficieront de conditions optimales d’ensoleillement propices à leur développement. (La processionnaire est une espèce d’origine méditerranéenne, un coup de froid tardif peut tuer les chenilles.)

Même sur l’arbre retenu, elles pondent surtout sur des branches orientées au sud. Par ailleurs, les substances volatiles émises par les pins les attirent sélectivement ce qui leur permet de choisir les espèces et même les individus.

Trois grands facteurs liés aux aiguilles des pins hôtes déterminent les préférences de ces chenilles. La qualité nutritive des aiguilles dépend notamment de la quantité d’azote (acides aminés, protéines) qu’elles renferment. Ainsi, on observe que ces chenilles survivent bien mieux sur des végétaux élevés en pépinière (et ravitaillés en engrais azotés) que sur des arbres en pleine nature. Les défenses chimiques des pins ne suffisent pas à les protéger, à savoir les phénols, terpènes et la résine (bien connue des voitures de la résidence). Enfin, la consistance des aiguilles, leur rigidité, influent beaucoup sur leur appétence.

Les essences de prédilection pour la ponte sont : Pin noir d’Autriche, pin sylvestre, pin laricio, pin parasol, pin d’Alep, pin maritime et pin des Canaries. Il faut savoir que les pins ne sont pas les seules cibles. Plus rarement, les femelles pondent sur des cèdres ( déjà constaté dans la résidence) et encore plus rarement sur des mélèzes.

2 – LA CHENILLE : 

Les jeunes chenilles issues d’une ponte sont non urticantes au début. Autour du site de ponte choisi par leur mère, elles tissent un réseau de fils de soie qui englobe des aiguilles, on parle de pré-nid, un abri sommaire qui passe facilement inaperçu.

Aussitôt, elles se mettent à grignoter les aiguilles de pin : la nuit, elles quittent leur abri sommaire pour aller « brouter » autour et se déplacent déjà en processions : chacune d’elles garde sa tête en contact avec les poils d’abdomen de celle qui la précède. Chaque jeune chenille tisse un fil de soie si bien que la colonie entière élabore ainsi un « cheminement ». Comme chacune d’elles dépose sur son fil une substance odorante, une phéromone de piste, ce ruban servira de guide pour le retour à l’abri au petit matin.

Au début de l’hiver, le groupe, souvent fort d’une centaine d’individus au moins, entreprend la construction d’un gros nid d’hiver ( que l’on surnomme une bourse). Ce dernier fonctionne comme un capteur solaire et la température interne peut y atteindre 20°C en plein hiver. Ainsi, les chenilles réussissent à poursuivre leur développement en hiver puisque les pins conservent leur feuillage. Évidemment, le réchauffement climatique en cours qui atténue considérablement les rigueurs hivernales favorise l’expansion géographique de cette espèce méditerranéenne vers le nord, là où auparavant, elles ne pouvaient survivre en hiver.

3- LA PROCESSION : 

Après une cinquième mue effectuée, entre février et mai selon les localités, les chenilles arrivées au bout de leur développement entreprennent leur célèbre procession dite de nymphose : une chenille de la colonie (un futur papillon femelle) quitte la bourse et descend le long du tronc de l’arbre qu’elles ont méticuleusement tondu tout l’hiver. Tous, fidèles à leur mode de déplacement grégaire, la suivent en file indienne. Ainsi se forme cette procession qui va gagner le sol et se mettre en marche à la recherche d’un endroit favorable à la métamorphose en chrysalide (nymphose).

Il faut un sol facile à creuser (sablonneux de préférence) et bien éclairé pour bénéficier de la chaleur des rayons du soleil. Cette recherche peut prendre des jours (jusqu’à 5) au cours desquels la caravane linéaire déambule, apparemment sans but, mais en fait en recherche active. Quand un site favorable est trouvé, la chef de file s’arrête et tout le monde s’entasse autour d’elle et s’enterre (jusqu’à 5 à 20cm de profondeur).

Dans les deux semaines qui suivent l’enfouissement, chaque chenille se tisse un cocon à l’intérieur duquel elle se métamorphose en chrysalide. Aussitôt après, elle entre en vie ralentie ( la diapause), une sorte d’hibernation qui peut durer quelques mois à plusieurs années (jusqu’à cinq ans).

Au cœur de l’été, soit donc la même année ou des années plus tard, la chrysalide éclot et libère un papillon adulte qui va déchirer le cocon et sortir de terre pour s’envoler.

Une colonie d’une centaine de chenilles consomme de 1 à 2 kg d’aiguilles, 4 à 5 groupes sur un jeune pin peuvent le défolier entièrement. L’arbre pourra régénérer ses aiguilles mais avec un retard de croissance d’autant que ces épisodes durent parfois sur deux ou trois ans. De ce fait la conjugaison avec les aléas climatiques dont les sécheresses intenses peuvent conduire à la mortalité des arbres ou les affaiblir et les rendre vulnérables aux attaques de champignons pathogènes.

4- LES MOYENS DE LUTTES DONT NOUS DISPOSONS :

Lutte piégeage par phéromone : pour stopper la reproduction de la processionnaire il suffit d’attirer les males via des pièges à phéromones. La résidence est équipée d’une vingtaine de pièges, largement suffisant pour couvrir les 10 hectares de site. Cependant ces derniers sont à utiliser en dernier recours car ils peuvent attirer de très nombreux males à des kilomètres a la ronde. Ce scénario catastrophe ne peux voir le jour au vu des nombreux moyens de luttes mis en place.

La lutte mécanique : Les nids en dormance sont retirés à la main durant l’hiver par les jardiniers, rendus facilement accessibles grâce à la nacelle. Simple, rapide et surtout très efficace pour éradiquer toute une colonie.

La lutte biologique par la pose de nichoirs à mésanges : Un couple de mésange peut manger plus de 500 chenilles processionnaires par jour permettant donc d’enrayer la prolifération. L’installation de nichoirs au sein de la résidence est donc d’actualité depuis l’automne 2023. En prévision des nichées de mésanges pour le printemps prochain, une dizaine de nichoirs supplémentaires seront mis en place avant la fin de l’année.

Le piégeage des chenilles : Ce piège est posé autour du tronc des arbres touchés par les chenilles processionnaires. En effet, toutes les chenilles descendent au sol aux alentours du mois d’avril, ce piège permet de les coincer mécaniquement et d’éviter les processions. ( voir photo d’un piège de la résidence).

Il est important de noter que chaque technique de lutte décrite vise des stades précis dans le cycle de vie de la processionnaire du pin, et que plusieurs techniques peuvent être combinées au cours d’une même année pour une efficacité accrue.

Pour finir les conséquences d’un contact direct sont les suivantes : conjonctivite, maux de gorge, allergies, asthmes pour les hommes et de graves irritations et nécroses pour les animaux.

– Plus d’infos : https://www.insectes.xyz/pdf/i147fraval3.pdf

– Plus d’infos : https://www.santevet.com/articles/chenzilles-processionnaires-que-faire-en-cas-de-contact

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