Une histoire qui remonte à 1962
À son retour des États-Unis, Robert de Balkany avait commencé à travailler dans l’industrie textile de son père Aladar Zellinger, avant de lui conseiller de se lancer dans la promotion immobilière. En 1957, Aladar Zellinger saute le pas, et devient promoteur, son fils Robert suit le mouvement.
Robert de Balkany rencontra Claude Balick en 1958. Une rencontre au cours de laquelle le jeune architecte avait proposé au jeune promoteur de s’associer pour une opération sur Paris.
Pendant plus d’un an, Claude Balick et Robert de Balkany avaient visité des centaines de terrains hors de Paris — les prix dans la capitale étant trop élevés — en réalisant des études qui n’aboutissaient jamais.
Jean-Louis Solal, qui lui aussi s’était retourné dans son pays d’origine, travaillait avec son père, le propriétaire des Moulins d’Alger.
Mais Solal s’était lancé en parallèle dans la gestion de patrimoine en achetant et revendant des immeubles en copropriétés. Et il avait repéré des terrains à La Celle-Saint-Cloud, dans l’ouest parisien. Un territoire qu’il affectionnait particulièrement. Or, n’ayant pas les fonds nécessaires pour acheter ces parcelles, il se tourna vers son ancien camarade de l’Université, dont on sait par son histoire personnelle, qu’il avait un patrimoine financier bien plus conséquent. Sans hésitation, Robert de Balkany accepta d’investir dans ce terrain.
La Celle Saint Cloud
Le choix de La Celle-Saint-Cloud ne relevait pas du hasard. Depuis les années 50, ce petit village modeste niché dans les méandres boisés du vallon de la Drionne s’était transformé en véritable laboratoire d’urbanisme d’après-guerre. Sous l’impulsion de son maire Lucien-René Duchesne, les grands domaines appartenant à des comtes avaient été rachetés par des organismes publics et privés pour y bâtir de vastes programmes de logements. À commencer par le domaine de Saint François-d’Assise, construit au début des années 1950.
Le programme de 457 logements se déploie dans un parc de 52 hectares très boisé surplombant les alentours.
Toujours à la Celle-Saint-Cloud en 1950, le comte de Bendern fit don à la ville de Paris d’un autre domaine, celui de Beauregard, de 170 hectares. Laquelle bâtira deux tranches de logements collectifs, pour répondre à l’afflux massif de nouveaux habitants à la fin des années 1950. Cette immense cité résidentielle de 2 500 logements est composée de barres séparées par d’immenses pelouses et cernée par la forêt de Marly.
La Celle-Saint-Cloud c’était aussi un bon exemple de la prolifération de petits centres commerciaux planifiés, et qui souvent se trouvaient rattachés à un quartier.
Entre 1955 et 1975, soit une vingtaine d’années, la commune quintuple et passe de 5 000 à 25 000 habitants.
Les résidences Elysée: Elysée I
Le terrain repéré par Jean-Louis Solal appartenait au domaine de Saint François-d’Assise, que nous évoquions précédemment. Les propriétaires du domaine l’avaient vendu car ils y voyaient une réserve foncière intéressante dont l’argent permettrait de réhabiliter le Château de Saint François-d’Assise. Le promoteur l’avait donc racheté en octobre 1958.
C’était un terrain boisé de 33 800 mètres carrés « en creux et en bosse », surplombant la vallée de la Seine et la plaine alluviale du Vésinet. Le site était alors connecté à la vallée au moyen de la côte de la Jonchère.
Le dessin de la résidence, qu’ils nommèrent « Elysée », fut tout naturellement confié à l’architecte Claude Balick, avec qui Robert de Balkany avait cherché inlassablement un terrain pour y réaliser un projet de ce type. Dans cette épaisse forêt, Balick développe alors des typologies de barres qui se connectent à angle droit pour fabriquer des équerres et renfermer des square . Cette disposition, qui ne fabrique pas tout à fait des angles parfaits, permettait à l’architecte d’éluder le problème des pignons aveugles en tournant de quatre-vingt-dix degrés l’orientation des appartements aux extrémités des barres.
Au total, la résidence compte 423 appartements et studios, une loge de gardien ainsi qu’une dizaine de commerces.
Avec cette première résidence, ils investissent aussi beaucoup d’argent dans la publicité. En plus de l’argument choc de la Fiat 500 offerte, il y avait aussi la volonté de faire miroiter des prestations luxueuses pour un prix plus raisonnable que dans la capitale.
Les résidences Elysée: Elysée II
Mais alors qu’ils construisaient la résidence Élysée le long de la côte de la Jonchère, ils firent l’acquisition d’un terrain quatre fois plus vaste que le premier, juste en face. À cheval sur les communes de La Celle-Saint-Cloud et de Bougival, cette parcelle d’une vingtaine d’hectares, était boisée sur les trois quart de sa surface.
Puisqu’elle se trouvait de l’autre côté de la rue, les promoteurs décidèrent de conserver l’éclat du nom de leur première résidence « Elysée ». Seulement pour permettre de les différencier, Robert de Balkany décida d’y ajouter un « 2 ». De fait, la nouvelle résidence « Elysée 2 » se trouverait dans la continuité de sa grande sœur, comme la fausse jumelle ou le deuxième opus d’un film qui avait marqué le public.
Sur ce terrain quatre fois plus vaste, ils réalisent environ 1500 appartements et studios, soit trois fois plus que pour la résidence Élysée 1. À cela, ils ajoutent pour la première fois une piscine et des terrains de tennis. Les prémices d’une société de loisirs qu’ils entendent démocratiser.
En plus de ces équipements récréatifs, se dresse au centre du complexe un édifice religieux, la chapelle Sainte Marie de la Visitation. Peu commun dans des programmes immobiliers.
Puisque les dimensions de la résidence le permettaient, Jean-Louis Solal, avec l’aval de Robert de Balkany, décida de créer un petit shopping center comme aux Etats-Unis, comme porte d’entrée du complexe